Unelettre quâil lui Ă©crit le 12 janvier 1861 sâachĂšve par ces mots : « Je nâai plus de place que pour vous dire que je vous aimerai toujours ». La correspondance croisĂ©e de Delacroix et Sand a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e : ALEXANDRE Françoise Ă©d., DELACROIX EugĂšne, SAND George, Correspondance.
Accueil Galerie Galerie George Sand Galerie Nohant autrefois Galerie Nohant Galerie Nohant intĂ©rieur Mes livres George Sand Maurice Sand Aurore Sand Autres auteurs Mes thĂšmes Archives Archives manuscrites Coupures de journaux Coupures de journaux part2 Catalogues dâexposition Contact et liens Mes thĂšmes Archives Archives manuscrites Coupures de journaux Coupures de journaux part2 Catalogues dâexposition Contact et liens De1832 (le fils a alors huit ans) Ă la fin de l'annĂ©e 1870, quand meurt le pĂšre, le lien est fort mais tourmentĂ© entre l'ogre visionnaire et graphomane, parcourant l'Europe Ă la recherche de la reconnaissance, et son sage bĂątard, auteur parisien Ă succĂšs d'une Dame aux camĂ©lias qui lui vaut argent et honneurs. On y croise Hugo, George Sand, Flaubert, tous lus, commentĂ©sGeorge Sand NĂ©e le 1er juillet 1804 Paris DĂ©cĂšs 8 juin 1876 Ă 71 ans ChĂąteau de Nohant Alexandre Dumas Fils 27 juillet 1824 Paris DĂ©cĂšs 27 novembre 1895 Ă 71 ans Marly le roi A partir de 1856, Alexandre Dumas fils appelle George Sand Maman. Et, elle, le rebaptise son fieux. Câest dire la proximitĂ© de lâauteur de La dame aux camĂ©lias avec la bonne dame de Nohant. Tout commence en 1851 quand Alexandre Dumas fils rapporte Ă lâĂ©crivaine ses lettres Ă Chopin, quâelle souhaite faire disparaĂźtre. Pendant vingt-cinq ans, ils vont se raconter leur quotidien, Ă©changer avis sur les Ćuvres et rĂ©flexions sur lâactualitĂ©. Comme sur la Commune de Paris, saturnales de la plĂšbe aprĂšs celles de lâEmpire pour George Sand. Des lettres dâAlexandre Dumas pĂšre et de son Ă©pouse Ida notamment enrichissent leurs propos. TĂ©moignage dâune Ă©poque, cette correspondance se rĂ©vĂšle aussi le rĂ©cit dâune amitiĂ© exceptionnelle, par-delĂ les Ăąges. LâĆuvre de George Sand ne cesse dâĂȘtre réévaluĂ©e. Cette correspondance inĂ©dite avec son fils spirituel, Alexandre Dumas fils, est une nouvelle occasion de lire lâauteur dâIndiana. Et de dĂ©couvrir les dĂ©bats qui ont enflammĂ© la France des annĂ©es 1851-1876, racontĂ©s par deux des plus grandes figures littĂ©raires de lâĂ©poque.Lettreautographe signĂ©e, [Palaiseau], [dĂ©cembre 1864], Ă NoĂ«l Parfait. Elle demande Ă son parrain de presser la publication : « Mr LĂ©vy me l'a promise pour bientĂŽt ». NoĂ«l Parfait et Alexandre Dumas fils avaient Ă©tĂ© les parrains de George Sand, lors de son admission dans la SociĂ©tĂ© des auteurs dramatiques. Les Amis de Flaubert â AnnĂ©e 1959 â Bulletin n° 15 â Page 9 George Sand et Gustave Flaubert DĂšs mars 1839, nous rencontrons, dans la Correspondance, le nom de George Sand dans une lettre quâadressait Flaubert Ă Ernest Chevalier Tu me dis que tu as de lâadmiration pour George Sand, je la partage bien et avec la mĂȘme rĂ©ticence. Jâai lu peu de choses aussi belles que Jacques. Parles-en Ă Alfred Le Poittevin ». Mais câest seulement en 1863 quâils font connaissance Ă lâun des dĂźners Magny oĂč Dumas fils et Sainte-Beuve les prĂ©sentĂšrent lâun Ă lâautre. Et tout de suite une correspondance intĂ©ressante va sâĂ©changer qui traitera surtout de leurs travaux rĂ©ciproques, de leurs rĂ©flexions, de la diffĂ©rence â trĂšs marquĂ©e â entre leurs points de vue ; correspondance exempte de toute dissimulation, de toute coquetterie Pas de vraie amitiĂ© sans libertĂ© absolue », lui Ă©crira-t-elle. Nâa-t-on pas dit, par ailleurs, que sa devise, Ă elle, semble avoir Ă©tĂ© Je veux que lâon soit femme » et quâen toute rencontre Le fond de notre cĆur en nos discours se montre ». Or, le cĆur de George Sand Ă©tait infiniment bon et câest ce qui attendrira Flaubert, comme dâautres lâavaient Ă©tĂ© avant lui. Ne lui Ă©crivait-elle pas, le 10 fĂ©vrier 1863 âŠce quâil y a de meilleur est dans la tĂȘte pour comprendre et dans le cĆur pour apprĂ©cier ». La grande cantatrice Pauline Viardot dira plus tard que son illustre amie Ă©tait mĂ©connue, en ce sens quâon a parlĂ© de ses Ćuvres, mais insuffisamment de sa bontĂ©. En 1863, George Sand avait 59 ans et Flaubert 42. Elle avait dĂ©butĂ© dans le roman en 1831 par Rose et Blanche â on remarquera quâelle affectionnait les prĂ©noms ; souvent ils serviront de titre Ă ses ouvrages â Ă©crit en collaboration avec Jules Sandeau et signĂ© Jules Sand. Mais, six mois plus tard, elle publiait, seule, Indiana, signĂ© cette fois du pseudonyme quâelle allait immortaliser â que suivirent immĂ©diatement Valentine, LĂ©lia, Jacques, AndrĂ©, Simon, Mauprat, Les Sept Cordes de la Lyre, Consuelo, Jeanne, Horace, Le Meunier dâAngibault, La Mare au Diable 1, Lucrezia Floriani, Le PĂ©chĂ© de M. Antoine, La Petite Fadette, François le Champi, Adriani, Narcisse, Jean de la Roche, etc., etc., indĂ©pendamment de nombreuses piĂšces de théùtre. Elle nâĂ©tait donc pas seulement cĂ©lĂšbre dans le monde entier Ă cause de ses amours retentissantes et diverses. Il y avait â en 1863, toujours â une vingtaine dâannĂ©es quâelle connaissait Michelet dont les idĂ©es diffĂ©raient autant des siennes quâen diffĂ©raient celles de Flaubert ; Michelet qui trouvait dâIndiana le style admirable », mais la conduite mĂ©diocre, et, dans LĂ©lia, un mĂ©lange bizarre de mysticisme religieux, de hardi rationalisme, de sensualitĂ© et de fougue rĂ©volutionnaire⊠» ; Michelet qui lui Ă©crivait, en mars 1857 âŠToute parole qui tombe de votre plume, câest lâimmortalitĂ© » et, en dĂ©cembre de lâannĂ©e suivante âŠvous ĂȘtes lâune des deux ou trois personnes auxquelles tient encore la gloire de la France ; Michelet, enfin, qui, dans la prĂ©face de LâAmour, a dit Le plus grand prosateur du siĂšcle est une femme Madame Sand ». Mais revenons Ă la Correspondance. DĂšs leurs premiĂšres lettres on sent combien diffĂšrent leur façon de voir et de sentir. Le 2 fĂ©vrier 1863, George Sand rĂ©pond Ă Flaubert qui lui a exposĂ© son invincible rĂ©pulsion Ă mettre sur le papier quelque chose de son cĆur » âŠJe ne comprends pas du tout, oh ! mais pas du tout. Moi, il me semble quâon ne peut pas y mettre autre chose. Est-ce quâon peut sĂ©parer son esprit de son cĆur ? est-ce que câest quelque chose de diffĂ©rent ? est-ce que la sensation mĂȘme peut se limiter ? est-ce que lâĂȘtre peut se scinder ? Enfin, ne pas se donner tout entier dans son Ćuvre me paraĂźt aussi impossible que de pleurer avec autre chose que ses yeux et de penser avec autre chose que son cerveau⊠». Flaubert ayant manifestĂ© le dĂ©sir dâavoir le portrait de sa correspondante pour lâaccrocher Ă la muraille de mon cabinet, Ă la campagne, oĂč je passe souvent de longs mois tout seul⊠», elle lui rĂ©pond quâelle choisira elle-mĂȘme ce quâil y aura de plus prĂ©sentable lorsquâelle ira Ă Paris oĂč elle se rendait assez frĂ©quemment ; Merci de lâaccueil que vous voulez bien faire Ă ma figure insignifiante en elle-mĂȘme, comme vous savez bien⊠». Quelque temps aprĂšs, en effet, elle met Ă la grande vitesse une bonne Ă©preuve du dessin de Couture et y joint une Ă©preuve photographique dâun dessin de Marchal, qui a Ă©tĂ© ressemblant aussi ; mais dâannĂ©e en annĂ©e on change. LâĂąge donne sans cesse un autre caractĂšre Ă la figure des gens et câest pourquoi leurs portraits ne leur ressemblent pas longtemps ». Une lettre de Flaubert la remercie de cet envoi en ces termes Eh bien, je lâai cette belle, chĂšre et illustre mine. Je vais lui faire un large cadre et la pendre Ă mon mur pouvant dire comme M. de Talleyrand Ă Louis-Philippe Câest le plus grand honneur quâait reçu ma maison » âŠDes deux portraits, celui que jâaime le mieux, câest le dessin de Couture ». Quiconque placera sous ses yeux ledit dessin ne sâĂ©tonnera nullement du choix de Flaubert. Il y a dans ce dessin, une rectitude, une noblesse, une majestĂ© toute romantique. Quant Ă Marchal, continue Flaubert, il nâa vu en vous que la bonne femme », mais moi qui suis un vieux romantique, je retrouve dans lâautre la tĂȘte de lâauteur » qui mâa fait rĂȘver dans ma jeunesse⊠». Le 29 fĂ©vrier 1864 a lieu la premiĂšre reprĂ©sentation du Marquis de Villemer, Ă lâOdĂ©on, piĂšce dont Dumas fils avait Ă©crit le scĂ©nario, le premier acte et la moitiĂ© du second, afin de venir en aide Ă sa grande amie qui Ă©prouvait toujours des difficultĂ©s lorsquâil sâagissait de faire dialoguer ses personnages ». Ă cĂŽtĂ© du chef de claque, ce personnage rituel, Ă la troisiĂšme galerie, il y avait un bonhomme de haute carrure, aux longs cheveux, Ă la face congestionnĂ©e qui tapait comme un sourd, encourageant les romains », de lâexemple, du geste et de voix, prenant tous les effets avec une rare perspicacitĂ©, les soulignant et nâen laissant passer aucun. Ce claqueur pas ordinaire, câĂ©tait tout naĂŻvement Gustave Flaubert 2. Vous avez Ă©tĂ© si bon et si sympathique pour moi, lui Ă©crivait George Sand quelques jours plus tard, Ă la premiĂšre reprĂ©sentation de Villemer que je nâadmire plus seulement votre admirable talent, je vous aime de tout mon cĆur ». Elle ne lui cache pas, dans une lettre du 12 aoĂ»t 1866, combien elle reconnaĂźt de qualitĂ©s et Ă quel point elle lâadmire âŠDe loin je peux vous dire combien je vous aime sans craindre de rebĂącher. Vous ĂȘtes un des rares » restĂ©s impressionnables, sincĂšres, amoureux de lâart, pas corrompus par lâambition, pas grisĂ©s par le succĂšs. Enfin, vous avez toujours vingt ans par toutes sortes dâidĂ©es qui ont vieilli, Ă ce que prĂ©tendent les sĂ©niles jeunes gens de ce temps-ci ». Deux mois plus tard, elle lui Ă©crit quâelle serait enchantĂ©e dâavoir son impression Ă©crite sur la Bretagne ; moi, je nâai rien vu assez pour en parler⊠Pourquoi votre voyage est-il restĂ© inĂ©dit ? Vous ĂȘtes coquet » ; vous ne trouvez pas tout ce que vous faites digne dâĂȘtre montrĂ©. Câest un tort. Tout ce qui est dâun maĂźtre est enseignement, et il ne faut pas craindre de montrer ses croquis et ses Ă©bauches. Je vous ai entendu dire Je nâĂ©cris que pour dix ou douze personnes ». Jâai protestĂ© intĂ©rieurement. Les douze personnes pour lesquelles on Ă©crit et qui vous apprĂ©cient, vous valent ou vous surpassent ; vous nâavez jamais eu besoin, vous de lire les onze autres pour ĂȘtre vous. Donc, on Ă©crit pour tout le monde, pour ce qui a besoin dâĂȘtre initiĂ© ; quand on nâest pas compris, on se rĂ©signe et on recommence. Quand on lâest, on se rĂ©jouit et on continue. LĂ est tout le secret de nos travaux persĂ©vĂ©rants et de notre amour de lâart Quâest-ce que câest que lâart sans les cĆurs et les esprits oĂč on le verse ? Un soleil qui ne projetterait pas de rayons et ne donnerait la vie Ă rien⊠Cent fois dans la vie, le bien que lâon fait ne paraĂźt servir Ă rien dâimmĂ©diat ; mais cela entretient quand mĂȘme la tradition du bien vouloir et du bien faire, sans laquelle tout pĂ©rirait⊠». Et elle continue de se peindre moralement dans ses superbes lettres Ă Flaubert qui ne pourra sâempĂȘcher de lui Ă©crire Sous quelle constellation ĂȘtes-vous donc nĂ©e pour rĂ©unir dans votre personne des qualitĂ©s si diverses, si nombreuses et si rares ? ». Flaubert lui faisait part, comme aux autres intimes avec lesquels il correspond, de la difficultĂ© quâil Ă©prouve Ă composer ses textes, George Sand lui rĂ©pond Vous mâĂ©tonnez toujours avec votre travail pĂ©nible ; est-ce une coquetterie ? ça paraĂźt si peu ! Ce que je trouve difficile moi, câest de choisir entre les mille combinaisons de lâaction scĂ©nique qui peuvent varier Ă lâinfini, la situation nette et saisissante qui ne soit pas brutale ou forcĂ©e. Quant au style, jâen fais meilleur marchĂ© que vous⊠». Et lâauteur de Madame Bovary de rĂ©pondre âŠJe ne suis pas du tout surpris que vous ne compreniez rien Ă mes angoisses littĂ©raires ! Je nây comprends rien moi-mĂȘme. Mais elles existent pourtant et violentes. Je ne sais plus comment il faut sây prendre pour Ă©crire, et jâarrive Ă exprimer la centiĂšme partie de mes idĂ©es, aprĂšs des tĂątonnements infinis. Pas primesautier, votre ami, non ! pas du tout ! ». En ce qui la concerne, elle, le vent joue dans sa vieille harpe, dit-elle, comme il lui plaĂźt dâen jouer. Il a ses hauts » et ses bas », ses grosses notes et ses dĂ©faillances » ; au fond, ça lui est Ă©gal, pourvu que lâĂ©motion vienne⊠Laissez donc le vent courir un peu dans vos cordes Moi je crois que vous prenez plus de peine quâil nâen faut⊠». George Sand Ă©tait dâune activitĂ© Ă©tonnante. De BagnĂšres-de-Luchon, oĂč il sâest rendu, aprĂšs le dĂ©cĂšs de sa mĂšre, pour refaire un peu ses nerfs malades, Flaubert lui demande 12-7-72 ce quâelle fait. Elle le lui dit le 19 du mĂȘme mois âŠJâai fait depuis Paris oĂč ils se sont rencontrĂ©s peu de temps auparavant un article sur Mademoiselle Flaugergues 3, qui paraĂźt dans lOpinion Nationale, avec un travail de ladite » ; un feuilleton pour le Temps surV. Hugo, Bouilhet, Leconte de Lisle et Pauline Viardot. Jâai fait un second conte fantastique pour la Revue des Deux Mondes, un conte pour les enfants. Jâai Ă©crit une centaine de lettres⊠». La paresse, quâelle disait ĂȘtre la lĂšpre de son temps » nâĂ©tait vraiment pas son fait. En dĂ©cembre 1872, Flaubert Ă©crit Ă sa correspondante de Nohant âŠPourquoi publier par lâabominable temps qui court ! Est-ce pour gagner de lâargent ? Quelle dĂ©rision ! Comme si lâargent Ă©tait la rĂ©compense du travail ! et pouvait lâĂȘtre ! Cela sera quand on aura dĂ©truit la spĂ©culation, dâici lĂ , non ! Et puis comment mesurer le travail, comment estimer lâeffort ? Reste donc la valeur commerciale de lâĆuvre, il faudrait pour cela supprimer tout intermĂ©diaire entre le producteur et lâacheteur, et quand mĂȘme, cette question en soi est insoluble. Car jâĂ©cris je parle dâun auteur qui se respecte non pour le lecteur dâaujourdâhui, mais pour tous les lecteurs qui pourront se prĂ©senter tant que la langue vivra. Ma marchandise ne peut donc ĂȘtre consommĂ©e maintenant, car elle nâest pas faite exclusivement pour mes contemporains. Pourquoi donc publier ? Est-ce pour ĂȘtre compris, applaudi ? Mais vous-mĂȘme vous », grand George Sand, vous avouez votre solitude⊠». Lâauteur de la Petite Fadette lui rĂ©pond, quelques jours aprĂšs, assez longuement, notamment ces lignes qui voulaient ĂȘtre prophĂ©tiques âŠTu veux Ă©crire pour le temps. Moi, je crois que, dans cinquante ans, je serai parfaitement oubliĂ©e et peut-ĂȘtre durement mĂ©connue. Câest lĂ la loi des choses qui ne sont pas de premier ordre, et je ne me suis jamais crue de premier ordre. Mon idĂ©e est plutĂŽt dâagir sur mes contemporains, ne fĂ»t-ce que sur quelques-uns, et de leur faire partager mon idĂ©e de douceur et de poĂ©sie⊠». On voit, par ces lignes, que la vanitĂ© nâĂ©tait pas son fort. Dâautre part, lâintĂ©rĂȘt Ă©veillĂ© par certaines de ses Ćuvres est encore vivace et son souvenir loin de dĂ©serter la mĂ©moire des hommes. Elle eut pourtant pu tirer vanitĂ© des Ă©loges que lui prodiguĂšrent les plus illustres de ses contemporains. Nous connaissons ceux de Michelet et de Flaubert. Voici ceux de Victor Hugo. Ils ont leur prix mĂȘme si lâon tient compte de la courtoisie qui le poussait, aux compliments, surtout lorsquâil sâadressait Ă une femme. Voici ce quâil lui avait Ă©crit le 8 fĂ©vrier 1870 ⊠Vous aurez dans lâavenir lâaurĂ©ole auguste de la femme qui a protĂ©gĂ© la Femme. Votre admirable Ćuvre tout entiĂšre est un combat et ce qui est combat dans le prĂ©sent est la victoire dans lâavenir. Qui est avec le progrĂšs est avec la certitude. Ce qui attendrit lorsquâon vous lit, câest la sublimitĂ© de votre cĆur. Vous le dĂ©pensez tout entier en pensĂ©e, en philosophie, en sagesse, en raison, en enthousiasme. Aussi, quel puissant Ă©crivain vous ĂȘtes⊠». Flaubert reprend le sujet aprĂšs rĂ©ception de la lettre de George Sand âŠNe prenez pas au sĂ©rieux les exagĂ©rations de mon ire »⊠Nâallez pas croire que je compte sur la postĂ©ritĂ© pour me venger de lâindiffĂ©rence de mes contemporains. Jâai voulu dire seulement ceci quand on ne sâadresse pas Ă la foule, il est juste que la foule ne vous paie pas. Câest de lâĂ©conomie politique. Or, je maintiens quâune Ćuvre dâart digne de ce nom et faite avec conscience ne peut se payer. Conclusion si lâartiste nâa pas de rentes, il doit crever de faim ! On trouve que lâĂ©crivain, parce quâil ne reçoit plus de pension des grands, est bien plus libre, plus noble. Toute sa noblesse sociale maintenant consiste Ă ĂȘtre lâĂ©gal dâun Ă©picier⊠». Plusieurs longues lettres suivent dans lesquelles il traite de style, de composition ; elles sont du premier trimestre de lâannĂ©e 1876 et la derniĂšre expĂ©diĂ©e par George Sand Ă Flaubert porte la date du 24 mars de cette mĂȘme annĂ©e. Il y est question des Rougon, de Zola, qui viennent de paraĂźtre, livre, dit-elle, qui est de grande valeur, un livre fort », comme tu dis, et digne dâĂȘtre placĂ© au premier rang. Cela ne change rien Ă ma maniĂšre de voir, que lâart doit ĂȘtre la recherche de la vĂ©ritĂ©, et que la vĂ©ritĂ© nâest pas que la peinture du mal ou du bien⊠». Le 8 juin suivant, elle sâĂ©teignait dans sa soixante-douziĂšme annĂ©e. Flaubert vint Ă ses obsĂšques, cela va sans dire et, comme bon nombre de ceux qui le coudoyaient, versa dâabondantes larmes. Dix jours plus tard, ayant reçu un mot de Maurice Sand, il lui rĂ©pondait âŠOui nous nous sommes compris lĂ -bas ! Et si je ne suis pas restĂ© plus longtemps, câest que mes compagnons mâont entraĂźnĂ©. Il mâa semblĂ© que jâenterrais ma mĂšre une seconde fois. Pauvre chĂšre grande femme ! Quel gĂ©nie et quel cĆur ! Mais rien ne lui a manquĂ©, ce nâest pas elle quâil faut plaindre⊠Et quand vous aurez Ă©tĂ© la rejoindre ; quand les arriĂšres petits-enfants de vos deux fillettes auront Ă©tĂ© la rejoindre eux-mĂȘmes, et quâil ne sera plus question depuis longtemps des choses et des gens qui nous entourent â dans plusieurs siĂšcles â des cĆurs pareils aux nĂŽtres palpiteront par le sien ! On lira ses livres, câest dire quâon songera dâaprĂšs ses idĂ©es et quâon aimera de son amour ! ». Ce magnifique panĂ©gyrique dictĂ© par un grand cĆur ne pouvait mieux convenir Ă la femme et Ă lâĂ©crivain de grand cĆur que fut George Sand. Maurice Haloche. 1 Le 12 juin 1884 vente Bovet on adjugeait pour 105 francs la quittance 16 fĂ©vrier 1846 donnĂ©e par G. Sand Aur. Dupin Ă ses Ă©diteurs Giroux et Vialat, dâune somme de francs pour son roman La Mare au Diable qui, disait Saint-Marc Girardin, fait partie des GĂ©orgiques » de la France ». 2 FĂ©lix Duquesnel. Souvenirs littĂ©raires, Paris, 1902. Nous ne doutons pas que Flaubert ait applaudi Ă tout rompre. Mais nây a-t-il pas lieu de penser que Duquesnel a brodĂ© » ? En effet lâauteur de Madame Bovary Ă©crit Ă sa niĂšce, avant dâaller au spectacle âŠJe vais ce soir Ă la premiĂšre de la mĂšre Sand, dans la loge du Prince sic⊠». Mais il fut fortement Ă©mu ; Sand Ă©crivait Ă ses enfants Flaubert Ă©tait Ă cĂŽtĂ© de nous et pleurait comme une femme ». 3 Pauline de Flaugergues, poĂ©tesse qui vĂ©cut six ans avec Henri de La Touche quâavait aimĂ©, avant elle, Marceline Desbordes Valmore. H. de La Touche Ă©tait mort en 1851 P. de Flaugergues vĂ©cut de son souvenir, uniquement Sur la force appuyĂ©e et la main dans la sienne Jâai marchĂ© sans effroi six ans dĂ©jĂ passĂ©s. Que mon bras Ă mon tour tâenlace et te soutienne Si la route, un moment, meurtrit tes pas lassĂ©s⊠Les BruyĂšres », parues en 1854, contiennent des piĂšces dans lesquelles son cĆur de femme a fait entendre des notes dâun profond retentissement.
Objectifs Saisir les caractĂ©ristiques du genre Ă©pistolaire ; connaĂźtre un auteur majeur du genre Ă©pistolaire... 1. L'auteur George Sand 1804-1876 âą Du journalisme au succĂšs littĂ©raire Amantine Aurore Lucile Dupin est nĂ©e Ă Paris en 1804. Elle est dâascendance populaire et aristocratique ce qui la marque profondĂ©ment dans son engagement politique. Orpheline de pĂšre trĂšs tĂŽt, elle est Ă©levĂ©e Ă la campagne, chez sa grand-mĂšre paternelle, Ă Nohant. A 18 ans, elle Ă©pouse le baron et lui donne deux enfants. Neuf ans plus tard, elle le quitte avec un jeune amant Jules Sandeau et commence avec lui, une carriĂšre de journaliste sous le pseudonyme commun J. Sand. Lorsquâelle publie son premier roman seule, Indiana, 1832 elle signe George Sand. Le succĂšs ne tarde pas Ă venir avec LĂ©lia, en 1833. âą Le scandale - Attitude et opinions politiquesComme de nombreux auteurs femmes, George prend un pseudonyme masculin et se vĂȘt en homme par Ă©conomie et pour forcer lâaccĂšs aux milieux interdits aux femmes au théùtre ou bibliothĂšques restreintes⊠Elle impose une libertĂ© d'esprit et de mĆurs, un fĂ©minisme farouche qui fait peur. Elle se rĂ©volte contre les conventions sociales, engagĂ©e vers la rĂ©habilitation de la femme, en faveur des ouvriers et des pauvres, contre la royautĂ© et pour la RĂ©publique. George Sand sâintĂ©resse aux pensĂ©es socialistes et dĂ©mocratiques, comme en tĂ©moigne le Compagnon du tour de France 1840 et Consuelo 1842. ParticuliĂšrement engagĂ©e, elle cĂŽtoie les grands dĂ©mocrates de lâĂ©poque mais lâĂ©chec de la RĂ©volution la déçoit profondĂ©ment. Elle se retire alors Ă Nohant et poursuit sa sĂ©rie dâĆuvres champĂȘtres optimistes, inspirĂ©es de son enfance La Mare au diable 1846 ; François le Champi 1848, La Petite Fadette 1849 et Les MaĂźtres sonneurs 1853. - Vie sentimentaleElle eut de nombreux amants, et passions qui l'influencĂšrent considĂ©rablement lâĂ©crivain archĂ©ologue Prosper MĂ©rimĂ©e, le poĂšte Alfred de Musset, l'avocat Michel de Bourges, la comĂ©dienne Marie Dorval, le musicien FrĂ©dĂ©ric Chopin⊠Elle s'installe dans une relation apaisĂ©e avec un ami de son fils Maurice, Alexandre Manceau. Elle partage une amitiĂ© Ă©pistolaire avec Gustave Flaubert. Une immense correspondance inspirĂ©e par ses passions nourrit l'Ă©pistolaire français, prĂ©sentant les plus belles lettres dâamour du genre⊠⹠Les derniĂšres annĂ©esElle nâarrĂȘte pas dâĂ©crire jusquâĂ sa mort survenue en 1876. 2. L'oeuvre Ă©pistolaire La Correspondance de George Sand, Ă©ditĂ©e par Georges Lubin, tĂ©moigne de la vie dâune Ă©crivaine sur son vĂ©cu, ses amours, ses engagements politiques et ses choix esthĂ©tiques, son art et les contraintes de lâĂ©dition... Elle comporte 25 volumes dâune qualitĂ© littĂ©raire indĂ©niables et prĂšs de 2000 correspondants. a. Les lettres d'amour George Sand dit son amour, divulgue sa vie privĂ©e dans le genre autobiographique mais aussi et surtout dans ses lettres. Exemple Avec le poĂšte Musset, les Ă©crivains font confidence au public de leur vie intime, de lâaveu romantique de la passion jusquâĂ la dĂ©clamation du dĂ©sir, de leur sĂ©jour mythique Ă Venise jusquâaux affres que cause leur sĂ©paration⊠De nombreux Ă©changes entre les amants tumultueux ont Ă©tĂ© rééditĂ©s, jusquâĂ certaines lettres codĂ©es dans lesquelles on peut dĂ©crypter en ne lisant quâune ligne sur deux, ou encore seulement le premier mot de chaque ligne, une invitation Ă une nuit dâamour. De la lettre romantique et sentimentale, on lit une expression plus sensuelle⊠b. La rĂ©flexion artistique et esthĂ©tique George Sand partage dans ses Ă©changes des rĂ©flexions sur son art et quelques textes sont des documents relatifs Ă ses choix esthĂ©tiques, comme par exemple dans Lettre dâun voyageur. Lâensemble des lettres constitue un panorama descriptif, une expĂ©rience de transposition de tableaux et paysages italiens qui sâaniment dans une vision romantique du paysage. c. L'engagement politique Les lettres de Sand tĂ©moignent de son engagement idĂ©ologique et politique. AprĂšs la RĂ©volution de fĂ©vrier 1848, elle sâimplique politiquement dans lâespoir de parvenir Ă lâabolition des inĂ©galitĂ©s sociales. Exemple A Maurice Me voilĂ occupĂ©e comme un homme dâĂtat. Jâai fait deux circulaires gouvernementales aujourdâhui⊠Jâai le cĆur plein et la tĂȘte en feu. Tous mes maux physiques, toutes mes douleurs personnelles sont oubliĂ©s. Je vis, je suis forte, je suis active, je nâai plus que vingt ans ». Dans de nombreuses lettres, elle dit son appartenance au peuple. De mĂȘme elle fait part de son dĂ©sir dâĂ©mancipation pour la femme, Câest une femme moderne, fĂ©ministe avant lâheure. Elle Ă©crit, dans une lettre Ă Flaubert Il nây a quâun sexe. Un homme et une femme, câest si bien la mĂȘme chose, que lâon ne comprend guĂšre les tas de distinctions et raisonnements subtils dont se sont nourries les sociĂ©tĂ©s sur ce chapitre-lĂ . » L'essentiel Les lettres de George Sand remplissent diverses fonctions une fonction expressive et affective lorsquâil sâagit de dĂ©voiler ses sentiments, mais aussi descriptive lorsquâil sâagit de tĂ©moigner dâune perception romantique dâun lieu ou encore argumentative lorsquâil sâagit de convaincre dâune idĂ©ologie⊠Vous avez dĂ©jĂ mis une note Ă ce cours. DĂ©couvrez les autres cours offerts par Maxicours ! DĂ©couvrez Maxicours Comment as-tu trouvĂ© ce cours ? Ăvalue ce cours !LettresretrouvĂ©es rassemble quatre cent cinquante-huit lettres inĂ©dites de George Sand, de 1825 (c'est une jeune femme de vingt et un an qui Ă©crit Ă sa mĂšre) jusqu'en 1876, quelques mois avant sa mort. Ă cĂŽtĂ© d'inconnus, d'Ă©diteurs ou directeurs de revues, d'Ă©crivains, de comĂ©diens et directeurs de théùtre, d'amis et familiers ou de parents, on trouve bien des noms illustres Pauline Garcia-Viardot 1821-1910, cantatrice et compositrice, est la benjamine dâune famille de musiciens. La mort prĂ©maturĂ©e de son pĂšre, le chanteur Manuel Garcia 1775-1832 et de sa sĆur aĂźnĂ©e, la cantatrice Maria Malibran 1808-1836, disparue Ă 28 ans, prĂ©cipite son entrĂ©e dans la carriĂšre lyrique. Sa voix de mezzo, sa sensibilitĂ© et son intelligence ont marquĂ© ses contemporains, notamment George Sand avec qui elle a entretenu toute sa vie une relation privilĂ©giĂ©e. MariĂ©e Ă 19 ans Ă lâĂ©crivain Louis Viardot, de 20 ans son aĂźnĂ©, elle est une figure importante du milieu artistique et intellectuel français de la deuxiĂšme moitiĂ© du 19e siĂšcle. Les archives de Pauline Viardot, ont Ă©tĂ© relativement bien conservĂ©es et transmises par ses descendants. Les fonds les plus importants se trouvent aujourdâhui Ă la Houghton Library Ă Harvard, Ă la BnF DĂ©partements des Manuscrits et de la Musique et Ă la BibliothĂšque du Conservatoire national supĂ©rieur de musique de Paris. Le modeste mais intĂ©ressant gisement de documents autographes de la BibliothĂšque historique, inĂ©dits pour la plupart, complĂšte ces ensembles et semble avoir Ă©chappĂ© aux biographes de lâartiste1. De Pauline Viardot, la BHVP conserve ainsi une trentaine de lettres, principalement adressĂ©es Ă George Sand et Ă sa famille, notamment Ă Maurice Sand, fils de George, et Ă son Ă©pouse Lina. Ces documents font partie du fonds George Sand, archives et manuscrits provenant dâAurore Sand, fille de Maurice et Lina, et arrivĂ©s Ă la bibliothĂšque entre 1953 et 19552. Pauline Viardot et George Sand LâamitiĂ© de lâĂ©crivaine et de la musicienne, dĂ©butĂ©e en 1839 et ponctuĂ©e par plusieurs sĂ©jours Ă Nohant de la famille Viardot, a durĂ© toute leur vie. George, fascinĂ©e par le gĂ©nie de son amie, sâen est inspirĂ© pour son roman Consuelo 1843. LâĂ©change de correspondance entre les deux femmes, du temps oĂč les lettres Ă©taient encore entre les mains de leurs familles, a Ă©tĂ© partiellement Ă©ditĂ© par ThĂ©rĂšse Marix-Spire, qui sâest volontairement concentrĂ©e sur les annĂ©es 1839-18493, laissant de cĂŽtĂ© de nombreuses lettres, dont celles de la BHVP. Dans lâune dâelle, de George Sand Ă Pauline Sand-NA-0298, rĂ©cemment acquise et datĂ©e de 1850, celle-ci demande Ă la cantatrice dâauditionner le chanteur Pierre Laurent 1821-1854, afin de âlâaider Ă sâĂ©tablir Ă Parisâ oĂč sa femme, la comĂ©dienne Marie Laurent 1825-1904, crĂ©atrice du rĂŽle de Madeleine Blanchet de François le Champi en 1849, âest fixĂ©e par ses engagementsâ4. Il faut signaler Ă©galement un dossier autour de la collaboration des deux artistes pour lâadaptation en opĂ©ra-comique de La Mare au diable, projet finalement non rĂ©alisĂ©, comportant aux cĂŽtĂ©s de manuscrits du livret, une lettre de Pauline Ă George Ă©voquant son engagement au Théùtre Lyrique âde beaucoup le plus artistique de Parisâ pour jouer OrphĂ©e Sand-O-0123, et 3 lettres Ă Gustave VaĂ«z, le collaborateur de Sand dans cette affaire, datant de lâĂ©tĂ© et lâautomne 1859. Cet ensemble a Ă©tĂ© rĂ©cemment bien Ă©tudiĂ© et partiellement Ă©ditĂ© par VĂ©ronique Bui5 Sand-O-0123, lettre de Pauline Viardot Ă propos de La Mare au diable Pauline appellera toujours George âma chĂšre Ninounneâ, comme du temps de leur jeunesse, ainsi quâen tĂ©moigne une autre lettre, du 9 mai 1871, envoyĂ©e de Londres. ChassĂ©e par les suites de la guerre franco-prussienne, la famille Viardot avait dĂ» quitter Baden-Baden oĂč elle sâĂ©tait Ă©tablie les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, perdant dans cet exil une bonne partie de ses moyens dâexistence. La relative discrĂ©tion des Viardot au cours de cet exil londonien causa lâannonce erronĂ©e de la mort de la cantatrice dans un article du Temps du 28 avril 1871, annonce Ă la suite de laquelle Pauline Viardot reçut du continent dâinnombrables lettres dâamis et de connaissances. Ă George Sand, qui sâest inquiĂ©tĂ©e comme les autres, elle rĂ©pond avec humour âJe ne sais pas pourquoi on a voulu me faire mourir sans mâen demander la permissionâ, elle dĂ©crit lâincertitude de sa situation, ajoutant âCe quâil y a de bien certain, câest quâil faut que je travaille pour faire aller le pot au feuâ, et rĂȘve de reprendre la vie dâavant avec la dame de Nohant. âSi le bonheur faisait que nous puissions retourner Ă Paris, vous nous verriez bientĂŽt arriver Ă Nohant vous donner une bonne bigeade.â, conclut Pauline qui adopte volontiers le parler berrichon Sand-G-5854. Sand-G-5854 Sand-G-5854 Maurice et Lina Sand Lettres familiĂšres AprĂšs la mort de George Sand en 1876, Pauline a continuĂ© Ă entretenir des relations affectueuses et quasi fraternelles avec Maurice, fils de George, qui a seulement deux ans de moins quâelle, et aprĂšs la mort de ce dernier en 1889, avec sa veuve Lina et ses deux filles Aurore et Gabrielle. La BHVP conserve une douzaine de lettres adressĂ©es au couple entre 1873 et 1894. Le ton familier tĂ©moigne de la chaleur et de lâintimitĂ© des relations, que le temps nâa pas affaiblies, et nous donne un aperçu de lâambiance rĂ©gnant dans ces deux familles dâartistes. Le 30 dĂ©cembre 1879, Pauline Ă©crit âMes chers amis, câest dĂ©solant de ne pas se voirâ, incriminant la maladie qui lâa empĂȘchĂ©e de sortir, ainsi que sa fille Marianne. âDĂšs que le tohu-bohu du 1er de lâan sera passĂ©, je connais quelquâun qui ira vous donner des fricassĂ©es. PrĂ©parez vos museaux !â Sand-H-0871. Les lettres rĂ©itĂšrent de chaleureuses invitations Ă des soirĂ©es, Ă des visites estivales Ă Bougival, dans la propriĂ©tĂ© des Viardot âComment gros paresseux, vous ne pouvez pas vous arranger de façon Ă quitter vos oreillers avant 9hres pour prendre le train de 9hres et demie et nous arriver pour dix et œ ? Fi des dormeurs. Si vous vous dĂ©cidez Ă faire cet effort surhumain, prĂ©venez moi mardi soir afin que nous prions les poules de Bougival de bien vouloir pondre quelques Ćufs de plus !â Sand-H-0620. Lina et Maurice ne manquent pas un Ă©vĂ©nement familial qui touche la famille Viardot, naissance, mariage, dĂ©cĂšs⊠La naissance de la deuxiĂšme petite-fille de Pauline Viardot, Marcelle Chamerot, en 1879, nâa pas Ă©tĂ© sans mal â24 heures de souffrance et les fers ! Câa Ă©tĂ© long ! Nous sommes tous heureux et⊠moulus.â Sand-H-0820. En 1881, Pauline annonce les fiançailles de sa fille Marianne avec le compositeur Alphonse Duvernoy, et les commentaires dont elle accompagne cette nouvelle renvoient en filigrane au douloureux Ă©pisode de la rupture en 1877 des prĂ©cĂ©dentes fiançailles de Marianne avec Gabriel FaurĂ©. Duvernoy âest un homme charmant, bon, plein dâesprit, distinguĂ©, fort bien de sa personne [âŠ] Il lui convient, il nous convient sous tous les rapportsâ. Sand-H-0874. Sand-H-0874 Sand-H-0870 Enfin en 1883, elle ne manque pas de les prĂ©venir de lâagonie de son mari Louis Viardot Sand-H-0870. 1883 est une annĂ©e noire pour Pauline, qui perd Ă©galement son ami de toujours, Ivan Tourgueniev. Abandonnant son appartement rue de Douai, rempli de souvenirs artistiques et amicaux, elle commence une nouvelle vie boulevard Saint-Germain, sans doute plus mĂ©lancolique. Le travail lui est un remĂšde souverain. Ainsi Ă©crit-elle Ă Lina Sand en 1894 Ă propos de lâacteur Sully-LĂ©vy, un vieil ami de la famille Sand, de 7 ans son cadet âCe loir paresseux a Ă©tĂ© obligĂ© de dĂ©ployer une activitĂ© incessante [âŠ] Je suis sĂ»re que ce travail forcĂ© lui fait grand bien â et lui fait oublier ses bobos â il nâa plus le temps de les sentir ni de se plaindre. Ă la bonne heure ! Plus on vieillit et plus il faut travailler, chacun Ă sa façon, câest le seul, le vrai, lâunique moyen de ne pas sentir le poids de lâĂągeâ Sand-H-0821. Ăchanges de procĂ©dĂ©s entre dessinateurs Enfin, parmi ses multiples talents, Pauline Viardot possĂšde celui de dessinatrice. Son humour, bien perceptible dans ses lettres, sâexprime en caricatures inspirĂ©es6. Un Ă©chantillon de cette production, dont une partie se trouve au MusĂ©e de la vie romantique, est conservĂ© dans le fonds Sand de la BHVP on y dĂ©couvre, croquĂ©s par Pauline, Maurice Sand, âMamitaâ la mĂšre de Pauline dont la ressemblance avec sa fille est frappante, et enfin les âchiens de la maisonâ, câest Ă dire les chiens de Nohant, Marquis et Dib. En Ă©cho Ă ces trois caricatures, figure un portrait de la cousine de Pauline Viardot, la cantatrice Antonia Sitches de Mendi, rĂ©alisĂ© par Maurice Sand en septembre 1844 Ă Courtavenel. La famille Viardot venait alors dâacquĂ©rir cette propriĂ©tĂ©, au grand dam de George Sand qui craignait Ă raison de moins les voir Ă Nohant, et Maurice Ă©tait venu en ambassadeur Ă la place de sa mĂšre7. Un portrait de Pauline Viardot par Maurice est par ailleurs conservĂ© au MusĂ©e de la vie romantique. Maurice Sand, Antonia Sitches de Mendi, BibliothĂšque Sand 1823-1889. âPortrait de Pauline Viardotâ. Huile sur bois. Paris, musĂ©e de la Vie romantique. Alfred de Musset Ă cet ensemble de documents tĂ©moignant des relations de Pauline avec la famille Sand, il faut ajouter quelques lettres Ă des destinataires variĂ©s, dont la liste figure en fin dâarticle. On peut signaler deux copies dactylographiĂ©es de lettres adressĂ©es Ă Caroline Jaubert, proche dâAlfred de Musset, par Pauline et sa mĂšre en 1838 et 1839, aux temps oĂč la jeune femme faisait un dĂ©but triomphal Ă Paris sous le nom de Pauline Garcia et fascinait le poĂšte 4-MS-FG-00223. Portraits photographiques Si les portraits de Pauline Viardot sont abondants et aisĂ©ment accessibles, les deux photographies de format carte conservĂ©es Ă la BHVP dans un bel Ă©tat de fraĂźcheur semblent ĂȘtre sans Ă©quivalent un portrait dâĂtienne Carjat, dont il existe une autre version au MusĂ©e Carnavalet PH10522 la montre de profil en robe hispanisante entre 1861 et 1865 4C-EPP-2797, Le portrait trĂšs vivant rĂ©alisĂ© par Tony Rouge entre 1867 et 1871 rend mieux justice Ă son modĂšle 4C-EPP-2796, Liste des lettres autographes conservĂ©es Ă la BHVP Tous les documents citĂ©s ci-dessous sont dĂ©crits dans le catalogue en ligne des bibliothĂšques spĂ©cialisĂ©es de la ville de Paris. Lettres de Pauline Viardot Famille Sand Ă George Sand 2 lettres, [1859], Sand-O-0123 et 1871, Sand-G-5854Ă Maurice et Lina Sand 12 lettres, [1873-1896], Sand-H-0620 Ă Sand-H-0622, Sand-H-0819 Ă Sand-H-0822, Sand-H-0870 Ă Sand-H-0874Ă Aurore Sand 1 lettre, Sand-L-0141Autre correspondants Balendard, 1 lettre, 1886, Sand-H-0619Ătienne Carraby-Caussin, 1 lettre, Ms 3036, f°72Albert CarrĂ©, 1898, 1 lettre, 8-TMS-05736Arthur Dandelot, 1902, 2 lettres, 4-TMS-05726-001-003.Mme Charles Floquet, 3 lettres, Ms 3057, f° 154-157Monval, 1 lettre, Ms 3119, f. 281Gustave VaĂ«z, 3 lettres, Sand-O-0124 Ă Sand-O-0126Non identifiĂ©, 1 lettre, 1896, 8-MS-FG-00351Copies dactylographiĂ©es de lettres 4 lettres de Pauline Viardot Ă Caroline Jaubert, 4-MS-FG-00223 Lettres Ă Pauline Viardot de George Sand 1 lettre, Sand-NA-0298de Charles Maynes Young 1 lettre, 1842, Sand-M-0285 Lettres Ă propos de Pauline Viardot de Claudie Viardot Ă Aurore Sand, Sand-L-0142 Patrick Barbier, Pauline Viardot, Paris, Grasset, 2009. Gustave Dulong, Pauline Viardot, tragĂ©dienne lyrique, Paris, Association des amis dâIvan Tourgueniev, 1987. MichĂšle Friang, Pauline Viardot. Au miroir de sa correspondance, Paris, Hermann, 2008. [â©]Voir les 4 inventaires du fonds en ligne Jean DĂ©rens, âLes archives George Sand Ă la BibliothĂšque historique de la ville de Parisâ, Revue des deux mondes, septembre 2004, p. 179-190. [â©]George Sand et Pauline Viardot, Lettres inĂ©dites de George Sand et de Pauline Viardot 1839-1849, Ă©d. par ThĂ©rĂšse Marix-Spire, Paris, Nouvelles Ă©ditions latines, 1959. [â©]George Sand, Nouvelles lettres retrouvĂ©es, Ă©d. par Thierry Bodin, Paris, Gallimard, Ă paraĂźtre. Merci Ă Thierry Bodin de nous avoir communiquĂ© la notice consacrĂ©e Ă cette lettre avant sa parution. [â©]VĂ©ronique Bui, âLa Mare au diable ou lâimpossible opĂ©ra-comiqueâ, in Catherine Nesci et Olivier Bara dir., Ăcriture, performance et théùtralitĂ© dans lâoeuvre de George Sand, Grenoble, UGA Ă©ditions, 2014, p. 285-304. [â©]Henri de Curzon, âLes dessins de Madame Viardotâ, Musica, fĂ©vrier 1903, n°5, p. 68-70. [â©]Ces dessins ne sont pas dĂ©crits dans le catalogue en ligne et sont consultables sur rendez-vous. [â©]