Pour la cérémonie funéraire de mon grand-père, étant la plus vieille des petits-enfants, j'ai été mandatée par la famille pour écrire un hommage au nom de tous les petits-enfants... Après avoir questionné quelques cousins/cousines sur leurs souvenirs avec notre grand-père, j'ai composé le texte qui suit Tout le monde rêve de connaître un grand homme….Nous, les petits-enfants de Lucien, nous avons eu cette chance. Nous avons côtoyé un homme fort et fier, un défricheur, un pilier, mais surtout, un homme bon, un homme de cœur, de vie et de famille. Nous avons fait partie de sa vie mais aussi, nous avons été importants pour grand-père, c’est le patriarche, l’aïeul, celui qui nous ouvre la voie, qui nous accueille et nous apprend comment aimer… Pour lui, aimer, ça se fait naturellement… simplement, sans complication…On se souvient de ses histoires, de sa joie de vivre, de ses rires et de ses blagues, mais aussi, de sa tire d’érable et de ses crêpes aux bleuets. On se souvient de son calme, de sa force, de sa grande lucidité et de sa complicité avec sa tendre moitié… On se souvient de sa bénédiction, si symbolique pour tous !! On se souvient des soirées du hockey !! On se souvient de son amour de la forêt, des bleuets, de la pêche blanche, des balades en 4 roues, de l’apaisement et du plaisir qu’il y trouvait… lui !!Grâce à lui, nous, ses petits-enfants, sommes des gens fiers et bons, des parents aimants et affectueux, attachés aux valeurs familiales… Il nous a transmis sa simplicité, son amour et son goût de vivre… vivre… intensément, profiter du moment présent, apprécier la vie et les gens qu’on aime, les aimer sans retenue et tout ça, naturellement… avec simplicité… ça, c’est du grand-papa !!Et tout ça nous rend fiers de faire partie de cette famille… Nous sommes privilégiés d’avoir eu un homme comme lui à nos côtés pendant toutes ses années… Nous sommes privilégiés de l’avoir connu et aimé… et nous sommes privilégiés qu’il nous ait aimés…Nous sommes tristes aujourd’hui mais nous pouvons être fiers de l’avoir eu dans nos vies, d’avoir fait partie de la sienne et d’avoir eu le bonheur et l’honneur de lui donner autant d’arrière-petits-enfants qu’il a pu prendre sur ses genoux et faire danser dans ses bras…Ce matin, cousins et cousines, unissons nos voix pour dire Bon voyage grand-p’pa, on t’aime !Tes petits-enfants…- Et pour la dernière phrases, cousins et cousines se sont levés debout dans l'église afin de manifester leur présence en souhaitant de vive voix, un bon voyage à cet homme si important dans nos vies !!... Ce fût un grand moment d'émotions !!!Image une bénédiction familiale traditionnelle dans ma famille élargie... Sous la protection de mon grand-père, nous avons longtemps été choyés par la vie, épargnés des deuils, des maladies et des drames... espérons qu'il continuera de nous protéger de là-haut !!!

Jean Blind est décédé dimanche à l’âge de 86 ans. Ancien déporté, il était le fils de Georges Blind, le Fusillé souriant », victime d’un simulacre d’exécution en octobre 1944 dans les fossés du château de Belfort, scène immortalisée par une photo mondialement connue. Christophe Grudler a consacré un livre à cette Histoire Le Fusillé souriant, histoire d’une photo ». J’ai appris avec beaucoup d’émotion le décès de Jean Blind ce dimanche. Jean était pour moi un ami et un confident. Il m’avait ouvert son cœur sur ce qui l’avait marqué à vie la guerre et la Résistance, avec la séparation définitive de son père en octobre 1944, alors qu’il n’avait que 18 ans. Cela a été une vraie déchirure qui l’a accompagnée toute sa vie », commente Christophe Grudler. Pompier professionnel à Belfort, le papa Georges Blind s’était engagé activement dans la Résistance. Son statut de caporal-infirmier lui permettait d’utiliser l’ambulance des pompiers pour effectuer des actions clandestines dans un Belfort où l’occupant était omniprésent. Il avait voulu mettre à l’abri son fils Jean Blind, mais malheureusement celui-ci fut arrêté par les Allemands à la frontière suisse avec d’autres résistants. Jean Blind fut déporté dans un camp de concentration en Allemagne ; il ne revint qu’en 1945. Dans l’intervalle, son père Georges avait également été arrêté par les troupes d’occupation allemande. Il avait été victime d’un simulacre d’exécution en octobre 1944 dans les fossés du château de Belfort. Il poussa le défi jusqu’à sourire face à la mort, au moment où un photographe allemand immortalisait l’évènement. Trois mois plus tard, en décembre 1944, Georges Blind mourrait au camp de Blechhammer, un des commandos d’Auschwitz. Mais entretemps, la photo du Fusillé souriant inconnu » avait fait le tour du monde, illustrant les livres d’Histoire du monde entier pour symboliser la Résistance face à la barbarie nazie. Ce n’est qu’en 1984 que les recherches de Christophe Grudler ont permis de savoir que cette célèbre photo avait été prise à Belfort et que le Fusillé souriant inconnu s’appelait Georges Blind. Le témoignage de Jean Blind avait été précieux pour reconstituer toute l’Histoire. Avec la disparition de l’un des derniers déportés du Territoire de Belfort, je pense qu’il est temps de rendre hommage à toute la famille Blind, en réalisant un projet qui avait déjà failli voir le jour, à ma demande, lorsque Jackie Drouet était maire de Belfort apposer une plaque commémorative dans le quatrième fossé du château de Belfort, à l’endroit où la photo a été prise. Ce serait toute la famille Blind qui serait ainsi à l’honneur en accomplissant un tel devoir de mémoire envers les nouvelles générations », conclut Christophe Grudler.

hommage à mon grand père décédé